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Chronique familles - 24 heures - Prise de risque




Les parents me relatent parfois leurs inquiétudes à la lecture de fait divers dans la presse. Une tuerie de masse dans une école aux États-Unis, l’attaque au couteau d’un homme à Annecy ou encore les événements récents avec la mort du jeune Nahel à Nanterre.

Cette actualité dramatique n’a rien de banal et la violence qui l’accompagne provoque une telle sidération et un tel sentiment de mal-être que les mots manquent pour qualifier ces actes.

La question de comment évoquer ces sujets dans nos familles est importante. Certains préfèrent éviter ces sujets pour se concentrer sur les belles nouvelles et sur les aspects positifs de la vie.

D’autres, avec des enfants suffisamment grands, dialoguent et échangent volontiers sur la dure réalité qui nous entoure.

Ces discussions représentent parfois un moyen pour les parents de voir le monde au travers le regard de leurs enfants. Un patient âgé de treize ans me disait que dans sa famille, ils ne mangent pas à table le soir mais au salon, devant le journal télévisé. Il affectionne ces soirées qui donnaient généralement lieu à des débats animés. Pour les parents de ce jeune garçon, l’exposer à des informations et à ces images « pouvant choquer certaines sensibilités » était un moyen éducatif pour le préparer à la vie adulte et aux problématiques de notre société.

De plus, la délimitation entre les menaces extérieures et la sécurité intérieure au domicile est devenue plus diffuse, faisant ressentir une forme de perméabilité des liens, doublé d’un sentiment de déconnexion entre les différents membres d’une famille.


« Sous le toit de notre maison, notre fille n’est pas à l’abri des dangers », me confiait le père d’une fille victime de harcèlement en ligne.

Face à cela, la présence, l’écoute et le dialogue restent les outils nécessaires au bon accompagnement des jeunes immergés dans un monde dit de l’information, mais aussi de la désinformation.

Face aux gros titres et au sentiment d’insécurité, certains parents se rassurent en surprotégeant leur enfant. On parle de « parents hélicoptères » qui contrôlent toute prise de risque et toute tentative d’exploration.

Le risque se définit ainsi : « être face à un inconvénient plus ou moins prévisible ». Il se distingue du danger qui consiste à subir une situation imprévisible. La prise de risque est un mal nécessaire au bon déroulement de l’enfance. Voir son bébé tomber lorsqu’il fait ses premiers pas, lâcher la selle lorsqu’il apprend à faire du vélo sans les petites roues, crier de joie lorsque sa fille saute du plongeoir pour la première fois. Tant d’images qui symbolisent la beauté de la vie et qui contrastent avec celles si sombres évoquées en introduction.

En thérapie, l’équilibre entre la prise de risque et la protection des enfants est un thème récurrent. Il s’agit de trouver celui qui convient à chacun de ses membres en fonction de son histoire, de son parcours et de ses traumatismes personnels.



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